Gens Julii

Chevauchant vers la Nord d'Italica à la tête sa garde rapprochée, fidèlement flanqué de son serviteur et Garde du Corps Honorius Crispus, Joarius Julius Nero ne pouvait s'empêcher de penser à la situation actuelle...



" Comment les Sénateurs et les deux autres Consuls du Triumvirat avaient-ils ressenti son discours au Sénat juste avant de partir ?
Avaient-ils apprécié que lui, Joarius, se permette de quitter Rome alors que les nuages de la guerre se rapprochaient de la Ville Éternelle ?
Avaient-ils accepté la critique de sa part concernant la réaction des Prétoriens face à l'insulte faite par les Gaulois au Peuple de Rome ?


Mais cela était-il si important que cela en ces temps troublés ?
Le plus important n'était-il pas la protection des Terres de la République Romaine ?
N'était-ce point son père, Marcus Julius Fortis, qui lui avait enseigné de dire ce qu'il pensait et d'agir en fonction de ses convictions ?

Et ses convictions lui répétaient, depuis la venue de l'ambassade gauloise au Sénat Romain, que son devoir était de se trouver dans ses Terres, afin d'en organiser la défense contre les hordes barbares du nord.
Il ne pouvait rester tranquillement assis au Sénat alors que ses troupes allaient affronter la Furia Barbarora.
Il ne pouvait dormir tranquillement dans sa villa de Rome tandis que ses concitoyens de Cisalpine, Transalpine et Narbonnaise étaient sous la menace de la Ligue Barbare.


Non, il ne le pouvait pas !
Et plus important encore, il ne pouvait salir l'Honneur de la Maison Julii ! "



À peine s'étaient-ils arrêtés dans un relais pour changer de chevaux que la petite troupe repartait.
Que les Dieux soient cléments avec les Julii et qu'ils leur accordent de pouvoir résister à ces Barbares...

- Consul, le rapport de nos éclaireurs.

- Entrez mes amis.


Gaïus Servus, Vincenus Numa et Claudius Julius pénétrèrent dans le bureau de leur Chef de Famille.
Étant parmi les plus proches conseillers de Joarius Julius Nero, ils savaient que les annonces qu'ils lui apportaient n'étaient pas pour lui soulager ses inquiétudes.


- Alors ? Que disent-ils ?


Ce fut Vincenus Numa, Legatus en Chef des Armées de la Maison Julii, qui prit la parole.


- La situation n'est guère brillante.
À l'heure où je vous parle, Nimea est peut-être tombée. Lorsque les éclaireurs ont quitté les abords de la ville, elle était toujours entre nos mains, mais les Gaulois s'apprêtaient à lancer l'assaut, guidé par Gurnopé en personne.
Valentia est directement menacée par une armée de Germains, et je ne suis pas certain du tout que le Legatus Civitae puisse faire quoi que ce soit pour empêcher la ville de tomber entre leurs mains.
Quant à l'armée Gauloise repérée dans les Alpes le mois dernier, elle a mis le siège devant Mediolanum... Les Gaulois alignent plus de 3.500 guerriers.

- Et à Mediolanum, nous avons...

- 3 cohortes de Légionnaires et 3 Cohortes de la Garde Civile..., soit dans les 900 hommes.

- 1 contre 4, quoi ?

- Oui.


Joarius se tourna vers la fenêtre, observant les Alpes du nord visibles au loin par cette si belle journée de Juin.


- Et les troupes Brutii, Gaïus ?


Joarius se tourna vers son Responsable des Affaires Diplomatiques.


- Elles arrivent, Consul, mais je ne sais si elles seront là à temps.

- Bien...
Les Gaulois nous attaquent par l'ouest et le nord.
Les Germains, tels des vautours, nous attaquent aussi... Et qu'ils ne viennent pas réclamer Valentia parce que soi-disant cette ville était à leur peuple avant... Là, ils se moqueraient...
D'ici à ce que les Celtibères et les Britons arrivent aussi, il n'y a qu'un pas...

Messieurs, nous n'avons pas le choix : nous devons faire le dos rond, en priant que les autres Grandes Maisons Romaines puissent nous venir en aide en force.
Mais comme elles sont déjà très occupées de leur côté, je ne suis pas optimiste...

Que les Dieux nous protègent.

- Avé Consul.

- Avé Consul.

- Avé Consul.

- Avé mes amis.


Les trois hommes sortirent du bureau, laissant Joarius Julius Nero seul face à ses pensées...

Le courrier galopait à vive allure, soumettant sa monture à un train d'enfer qu'elle ne pourrait visiblement pas supporter bien longtemps... Mais les relais de poste de la République avaient été construits à cet effet : fournir une monture fraîche aux estafettes pressés de la République.

Lorsque qu'il arriva le lendemain à Genua, la foule laissa passer ce courrier visiblement très pressé.
Une fois arrivé devant la Villa qui servait d'État-Major à Joarius Julius Nero, il sauta de cheval et courut immédiatement vers la salle d'audience. Les gardes le laissèrent passer et s'occupèrent de son cheval tout comme le voulait le règlement : on ne fait pas attendre un courrier porteur de nouvelles visiblement urgentes.

Arrivé dans la salle d'audience, le courrier salua réglementairement l'Optio de service et lui tendit le message dont il était porteur.
Aussitôt l'Optio s'en alla porter le message au bureau du Consul, en pleine réunion avec ses plus proches collaborateurs.

Une fois déroulé le parchemin, Joarius Julius le lit en silence, avant de donner connaissance de son contenu aux personnes présentes, visiblement soulagé.


- C'est un message de mon cousin Claudius Julius, Centurion Primipile de la I° Cohorte de la II° Legio.
Aqua Sextiae a tenu. Les Gaulois ont été repoussés. Leur Grand Roi a été tué pendant les combats.


Aussitôt les conseillers du Consul exprimèrent leur joie.
Joarius Julius Nero leva la main pour faire silence.


- Mais le prix payé par les troupes est lourd...
Son Legatus Legio a été tué. Il y a plus de 2.800 morts. Et l'armée gauloise est toujours aux portes de la ville...


Un lourd silence se fit soudain parmi les collaborateurs du Consul.


- C'est une victoire inespérée, mais qui nous coûte cher, très cher.
Qu'un messager se tienne prêt à partir d'ici peu : je vais lui transmettre une missive pour le nouveau Legatus Legio.
Messieurs, je ne pense pas que vous voyez d'objection à ce que je nomme le Centurion Primipile Claudius Julius Legatus de la Legio II Italica ?


Les conseillers firent un non vigoureux de la tête. Tous savaient que le cousin du Consul était fait de la même trempe : il ne céderait pas devant l'ennemi.

Quelques heures plus tard, un messager sortit de Genua au triple galop en direction d'Aqua Sextiae.

Le temps était au soleil. Peu de nuages en ce printemps prometteur de belles récoltes, elle-même porteuse de vie.

" Mais la vie n'est pas faite que de travaux des champs... " pensa Flavius Silva.

Le Praetorio de garde fit le salut réglementaire sur la pas de la tente de commandement du Legatus Legio de la LEGIO V FULMINATA avant de déclarer :
- Legatus ?
- Oui ?
- Les Centurios et Decurios attendent au-dehors.
- Fais-les entrer, soldats.
- À vos ordres, Legatus.

Quelques secondes plus tard entrèrent les différents commandants des Cohortes et Turmes composant la V° Legio sous les ordres de Flavius Silva.
En premier venait Numa Jucundus (Centurio Primipile de la I° Cohorte de Legionnaires - des Triarii), suivi de Secunda Probus (Decurio du I° Turme - des Equites), puis Caïus Marcinus (Centurio de la III° Cohorte - des Principes), Claudius Galinus (Centurio de la I° Cohorte d'Auxiliaires - des Auxiliaires Légers), Clerus Priscus (Centurio de la II° Cohorte d'Auxiliaires - des Archers) et tous les autres Centurios et Decurios des unités composant la V° Legio.
Le Centurio Primipile prit la parole pour ses camarades.

- Salve Legatus.
- Salve, Centurii et Decurii. Laxare.
Decurio Probus, quels sont les derniers rapports des Extraordinarii ?
- Une armée gauloise d'environ 2.000 guerriers se trouvent à l'ouest de Bononia, dans les contreforts montagneux.
La ville elle-même semble être occupée par une garnison importante.
Nos éclaireurs ont aussi repéré une armée qui serait celle du Généralissime Arménien Tigrane.
- Les hommes ont-ils leur équipement prêts. Les Légionnaires ont-ils tous le nombre de pila réglementaire.
- Oui, Legatus, lui répondit Caïus Marcinus.
- Les Archers ?
- Les carquois sont tous remplis et tous les arcs ont été vérifiés. Chaque tireur possède les deux cordes de rechange obligatoires, lui dit Clerus Priscus.
- Les cavaliers ?
- Chacun a son matériel en excellent état et les chevaux sont en pleine forme, Légatus, lui répondit Secunda Probus.
- Les Auxiliaires ?
- Aucun ne fera défaut à Rome, Legatus, lui précisa Claudius Galinus.
Flavius Silva se pencha sur la carte recouvrant sa table de travail. Après quelques secondes de réflexion, il se redressa et regarda ses subordonnés avec un air résolu.
- Messieurs, nous n'avons pas le choix : il en dépend de l'honneur de la Maison Julii et de Rome. Notre Consul Joarius Julius Nero a dit au Sénat que la Maison Julii aiderait les Arméniens venus combattre à nos côtés. C'est ce que nous allons faire.
Donnez l'ordre de lever le camp. Marche forcée vers l'ennemi.
- Pas de camp les soirs ? lui demanda Numa Jucundus.
- Non. Nous devons marcher le plus longtemps possible, sans fatiguer les hommes toutefois, évidemment.
Messieurs, rejoignez vos hommes.
Comme un seul homme, ses subordonnées répondirent sans hésitation : - À vos ordres !

Après avoir salué réglementairement, ceux-ci sortirent les uns après les autres pour s'en retourner vers leurs unités respectives.
Avant qu'il ne sorte, le Legatus appela son vieil ami Numa Jucundus :
- Numa.
- Legatus ?
- Laisse le grade de côté, veux-tu. Nous sommes maintenant seuls.
Qu'en penses-tu ?
- J'en pense quoi ?
Flavius Silva soupira avec un sourire. Son ami savait très bien jouer à l'imbécile lorsqu'il le voulait...
Au-dehors, ils purent entendre le Centurio des Praetorii clamer haut et fort un " Ab iter parare " suivi quelques secondes après du premier appel de trompettes indiquant à l'ensemble de la Legio que le camp allait être levé et que les tentes devaient être immédiatement démontées.
- Que penses-tu de nos hommes ? Sont-ils réellement prêts ? Ont-ils envie de se battre ? Qu'éprouvent-ils ?
- Franchement ?
- Oui.
- Tous brûlent de se battre contre les Gaulois. Aucun ne reculera. Certains sont originaires de Mediolanum, de Patavium, de Bononia, de Genua, voir d'Aqua Sextiae. Ils ne pensent qu'à une chose : c'est vaincre ces sauvages.
Mais en même temps, ils ont peur. Ils savent ce qui est arrivé à la II° Legio et à notre Consul...
- Oui, c'est normal. Ce ne sont pas des vétérans... Fassent les Dieux que nous sachions mieux résister à la Furia Barbarora que nos camarades...
- Puis-je disposer, Legatus ?
Flavius Silva regarda droit dans les yeux son ami. Il savait que ce dernier ne faillirait pas.
- Oui, Centurio Primipile.
- Ave Legatus.
- Ave Centurio.

Une demi-heure après, le second appel des trompettes résonna et les tentes furent pliées et chargées sur les mulets, puis le camp fut détruit.
Une vingtaine de minutes plus tard à peine, la LEGIO V FULMINATA était en ordre de marche, les soldats attendant en rang l'ordre de départ.
Le Centurio des Praetorii clama alors un " Legio expedita ! " auxquels tous les soldats de la V° Legio répondirent instantanément par un garde-à-vous impeccable.
Puis il cria :
- Êtes-vous prêts à combattre ?!
- Nous sommes prêts !
Immédiatement après la troisième appel des trompettes retentit et l'ordre claqua :
- Signa ferre !
La V° Legio se mit alors en marche comme un seul homme.

Un messager se présenta à la ville du Consul Joarius Julius Nero à Rome. L'Intendant Personnel du Consul amena lui-même le parchemin à Joarius Julius, qui était en réunion dans son cabinet de travail avec ses conseillers les plus proches.
Après avoir lu le message, le Consul laissa tomber celui-ci sur la table des cartes et se prit la tête de sa main droite... Galerius Julius, Fils aîné de Joarius Julius, prit le parchemin et le parcourut. Puis il releva la tête, les yeux rouges et embués, et déclara d'une voix blanche et hachée aux autres membres du Conseil présents :

- La... Legio V... Fulminata... a été... vaincue à Parona...
- Les pertes sont nombreuses ? demanda Vincenus Numa, Legatus en Chef des Armées de la Maison Julii.
- ... Plus... plus de 2.000 hommes...

Un silence abasourdi s'installa dans la pièce. Aucune des personnes présentes ne pouvaient y croire ! Plus de 2.000 hommes ! C'était impossible !

- Mais... comment cela est-ce possible ? demanda Gaïus Servus.
- ... Les Gaulois auraient profité de l'avantage de la forêt pour désorganiser nos troupes...
- Et Flavius Silva ?
- Mort à la tête de ses hommes en combattant, Vincenus Numa, comme tu lui avais appris... parla alors d'une voix éteinte Joarius Julius. Tout comme le Centurio de sa garde praetorienne, le Centurio Primipile, et les chefs d'unité des IV° et V° Cohortes de Légionnaires, III°, IV° et VII° Cohortes d'Auxiliaires Archers, V° et VIII° Cohortes d'Auxiliaires, I° et III° Turmes...

Un silence lourd et oppressant tomba alors dans la salle... Tout le monde connaissait l'amitié qui unissait Flavius Silva, Numa Jucundus et Joarius Julius...
De plus, chaque personne présente se demanda comment la Maison Julii allait pouvoir se remettre de cette catastrophe : la V° Légion avait été formée grâce aux nombreux sacrifices de tous, elle avait suivi un entraînement des plus rigoureux et représentait alors la fierté des Julii.
Finalement ce fut le vieux soldat Vincenus Numa qui brisa ce silence de mort :

- Qui a pris le commandement ?
- Clerus Priscus. Il ramène ce qui reste de la V° Légion à Tarquinii.
- Le Centurio de la II° Cohorte d'Auxiliaires Archers ?
- Oui. D'après le message, il aurait eu un comportement exemplaire.
- C'est bien. Il saura maintenir ses troupes tout en préservant leur moral.
- Ce n'est pas tout...
- Consul ?
- Genua est menacée par 3 armées gauloises.

Le silence se fit de nouveau oppressant.

- J'ai cru comprendre que la ville n'était protégée par moins de 1.000 hommes, non ? demanda Gaïus Servus.
- C'est exact. Ce sont les survivants de la Legio II Italica suite à la Bataille de Genua.
- N'y a-t-il pas aussi des troupes Scipii ?
- Les survivants de la IV° Légion...
- Alors ils ne sont pas assez nombreux ?
- Non, lui répondit Vincenus Numa.
- Nous dépendons donc entièrement de nos alliés, si je comprends bien ?
- Oui, dit Joarius Julius en se redressant. Complètement.
- Alors fassent les Dieux qu'ils soient plus miséricordieux qu'avec nous, commenta le Responsable des Affaires Diplomatiques.
- Oui, Gaïus Servus, oui... Mais ça, ça ne devrait pas être difficile...

À la suite du garde de faction, le Primus Legatus se présenta à Joarius Julius Nero en faisant le salut militaire.

- Ave Consul, les troupes attendent dans la cour d'honneur du Palais Consulaire.
- Salve Vincenus Numa. Quand perdras-tu cette habitude de me saluer comme un subordonné, toi l'instructeur militaire de ma jeunesse ?
- Vous êtes le Général en Chef des troupes de la Maison Julii, Consul.

Joarius Julius sut qu'il ne servait à rien de continuer : le vieux soldat était décidément trop attaché au cérémonial...

- Je te suis.

Évidemment, le Primus Legatus céda le passage à Joarius Julius, respectant par la-même la hiérarchie...
Arrivés dans le hall d'entrée, les deux hommes s'arrêtèrent devant deux Centurios qui le saluèrent d'une façon toute militaire et réglementaire. Le Primus Legatus n'y était certainement pas étranger, lui qui formait les Centurios et autres officiers supérieurs de la Maison Julii depuis des décennies...

- Ave Consul !
- Salve Centurios. Repos.
Bien, vous êtes ici car, avec le Primus Legatus, nous avons décidé de vous donner une promotion.

Les deux hommes firent de grands yeux étonnés !

- Suivez-nous dans la cour d'honneur.

Là, ils y trouvèrent les rescapés de la Legio V Fulminata rassemblés par Cohortes et Turmes, selon un ordre parfait.
Le Consul se dirigea vers l'endroit d'où les discours aux troupes étaient prononcés, suivi du Primus Legatus. Une fois arrêtés, ce dernier se mit au garde-à-vous et lança un ordre bref, mais d'une voix puissante :

- Legio expedita !

Les hommes se miret au grade-à-vous d'une façon impeccable.
Se tournant vers les deux Centurios qui s'étaient aussi mis au garde-à-vous, Joarius Julius déclara d'une voix forte mais sans effort apparent :

- Clerus Priscus ! Nombre de soldats ici présents ont rapporté votre comportement exemplaire de Centurio lors de la bataille de Parano. Aussi, pour votre bravoure et votre sang-froid face à l'ennemi, il a été décidé de vous nommer Legatus Legio de la LEGIO V FULMINATA !
Claudius Galinus, pour votre attitude et votre sens du commandement qui ont permis à nombre de soldats de votre Légion de pouvoir survivre, il a été décidé de vous nommer Centurio Primipile !

Les deux hommes regardèrent leur Consul sans comprendre ce qui leur arrivait... Ce dernier leur serra la main après leur avoir remis les insignes de leur fonction, ainsi qu'une décoration à chacun.

- Legio ! Laxare !

Suite à l'ordre donné par le Primus Legatus, les hommes se mirent au repos. Vincenus Numa. prit ensuite la parole pour appeler des légionnaires et des auxiliaires, officiers, sous-officiers ou hommes de troupe, afin de leur annoncer une promotion et/ou leur remettre une décoration.
Puis le vieux Primus Legatus se mit au garde-à-vous et déclara avec une voix de stentor :

- La LEGIO V FULMINATA a perdu une bataille ! Mais vous, soldats de la V° Légion, n'avez pas failli à l'honneur de votre Légion !
Que Mars le clame haut et fort !
...
Qui êtes-vous ?!
- Des soldats de la LEGIO V FULMINATA !
- Alors soyez fiers d'être de la V° Legio !
...
Legio expedita !
...
Legio ! Ad conturbernium !

Les soldats de la V° Légion tournèrent alors tous à droite comme un seul homme et les unités se dirigèrent au pas vers le portail de la cour d'honneur du Palais Consulaire, afin de rejoindre leurs quartiers.

- Crois-tu que cela leur aura remonté le moral ?
- Je crois bien que oui, Consul. Vous avez vu leurs regards ? Ils n'avaient plus cet air abattu qu'ils avaient en arrivant dans la cour d'honneur.
- Je ne l'ai pas vu, Vincenus Numa, je...
- Normal, Joarius, avec un seul oeil, on n'peut se concentrer que sur une seul' chose à la fois.

Le Primus Legatus se tourna alors vers son Consul avec un sourire moqueur au coin des lèvres. Joarius Julius restait devant lui bouche bée, ne croyant pas ce qu'il venait d'entendre. Jamais il n'avait entendu ce vieux militaire si rigoriste parler ainsi à un supérieur.
Lui tapotant le dos pour l'inviter à le suivre, Vincenus Numa lui déclara :

- Allons mon p'tit, le chef aussi a b'soin 'd voir son moral r'monter ! J't'invite à boir' un verr' et j't'racont'rai certaines choses qu'nous avons faites ensembl', ton père et moi, et q't'as jamais su. Tu vas êtr' étonné par l' vieux Marcus Julius Fortis, j'en suis certain...

Après un clin d'oeil, le vieux Primus Legatus emmena un Joarius Julius Nero, Chef de la Maison Julii et Consul de la République de Rome, complètement interdit, boire un verre comme deux amis qu'ils étaient, et peut-être comme un père et un fils qu'ils auraient pu être...

- Consul !
- Oui Vincenus Numa ?
- Ça y est : les Gaulois assiègent Genua...
- … Bien, alors le destin de la ville, de sa population et de sa garnison reposent entre les mains des dieux...
- Le Legatus Legio Vindex Marcius et le Centurio Primipile Hadrianus Galerius ne failliront pas à leur devoir.
- Je n'en doute pas, Vincenus... Je n'en doute pas...

Quelques jours plus tard.

- Consul !
- Oui Vincenus Numa ?
- Des nouvelles de Genua...
- ... La ville est tombée ?
- Oui Consul...

Joarius Julius Nero remarqua que le Primus Legatus était bouleversé. Il l'avait rarement vu dans un tel état...

- Des survivants ?
- ... Aucun...
- ... Aucun homme n'a pu fuir ??
- Non... La Legio II Italica a été détruite... Entièrement...

Un silence pesant tomba entre les deux hommes.

Joarius Julius Nero, suivi comme son ombre par son Garde du Corps Personnel Rogatus Maternus, accompagné de Caïus Marcinus, Centurio de la II° Cohorte, et encadré par le I° Turme de Praetorii de la Legio V Fulminata, s'approchait du camp de l'armée grecque installé près de la ville d'Aerretium.
Bien que plus de 2.800 hommes stationnaient depuis presque un mois aux abords de la ville, aucun acte de rapinerie n'avait été rapporté : les soldats grecs, citoyens libres d'une des plus vieilles nations civilisées, se comportait on ne pouvait mieux.
Peut-être que l'attitude de la population romaine y était un peu pour quelque chose : les habitants d'Arretium avaient accueilli avec joie ces alliés, et les tavernes et autres auberges de la ville avaient leurs portes grandes ouvertes aux soldats grecs qui avaient quartier libre.
Peut-être aussi que l'attirance de nombre des femmes romaines, célibataires ou veuves, pour ces hommes solidement bâtis, au corps d'athlète, n'y était pas étranger.

Une fois passé le poste de garde, le Consul se dirigea vers la tente du général Heratyos.
Tout en s'approchant de la tente du Général, il pouvait constater que cette armée était la digne héritière des traditions militaires grecques : l'ordre, la discipline et le calme y régnait en maître.
Voyant cela, Joarius Julius était vraiment content d'avoir les Grecs à ses côtés : les descendants des vainqueurs de Marathon étaient une aide précieuse en ces temps de guerre destructeurs.

Arrivé devant la tente du Général grec, le Chef de la Maison Julii descendit de cheval et salua ce dernier qui se tenait solidement campé devant :

- Ave, Général Heryatos.
Je viens vous apporter des nouvelles des combats entre la République de Rome et les barbares de la Gaule.
De plus, après y avoir réfléchi avec le Conseil de Guerre du Triumvirat, je viens vous proposer un plan de route.
Mais je vous propose de nous entretenir plus confortablement à l'intérieur de votre tente de commandement, et à l'abri d'oreilles et d'yeux indiscrets...

La Legio V Fulminata était en train d'installer son camp principal à quelques distances de la cité martyr de Genua.
Pendant ce temps, observant la cité depuis un petit bois à proximité de celle-ci, Joarius Julius Nero n'avait qu'une pensée.

- Nous y sommes enfin, Rogatus...
- Pardon Maître.
- D'ici un mois ou deux, la ville sera de nouveau romaine.

Le Consul se tourna vers son Garde du Corps Personnel :
- Bientôt elle sera libérée...

Se retournant en direction de la cité :
- Et l'enfant de Genua sera vengé...

Le Consul Joarius Julius Nero regardait droit dans les yeux le chef de la garnison gauloise qui occupait encore Genua juste avant l'assaut de la Legion V° Fulminata. Le barbare était Gaulois agenouillé devant le Chef de la Maison Julii, les bras croisés dans le dos et maintenus fermement par deux légionnaires de la I° Cohorte. Le barbare montrait encore de l'arrogance et de la morgue, même dans une situation comme celle-ci : les guerriers gaulois avaient été décimés et seuls restaient encore en vie une poignée d'entre eux, maintenant prisonniers des troupes juliennes.

- Vous avez résisté vaillamment, Gaulois. Accepte ta défaite, et je pourrai ordonner que l'on se conduise dignement vis-à-vis de toi et de tes hommes.
- Va crever aux enfers de tes dieux, chien de Romain ! Notre chef Tugoresix te bouffera le coeur puis te tranchera la tête pour augmenter sa collection !
- … Oui, je sais, dans son coffre à têtes... Comme ce que vous avez fait aux défenseurs et la population romaine de Genua il y a un an... Ainsi, même dans la défaite, et face à la mort, vous continuez à vous comporter telles des brutes sanguinaires. Qu'il en soit ainsi...
Legatus Clerus Priscus.
- Consul.
- Donnez l'ordre de venger nos morts de l'année dernière.
- Oui Consul.

Le chef de la V° Légion s'éloigna pour aller rejoindre les officiers des cohortes qui attendaient non loi de là.
- Tu vas mourir, Gaulois.
- J'irai rejoindre Teutates la tête haute !!
- Peut-être iras-tu le rejoindre... Mais sans ta tête !

Et avant que le Gaulois ne puisse faire le moindre mouvement, Joarius Julius Nero dégaina son glaive et lui trancha la tête d'un mouvement aussi véloce que puissant. Celle-ci alla rouler auprès des pieds des prisonniers gaulois...
Clerus Priscus se tourna alors vers les légionnaires qui maintenaient par deux les guerriers vaincus :

- Coupez la langue à tous ces sauvages, sauf à un seul. Tranchez les deux mains à la moitié d'entre eux, crevez les yeux et tranchez une main à l'autre moitié. Qu'ils soient ensuite conduits vers Aqua Sextiae pour que leurs congénères sachent que les Julii n'accordent pas leur grâce à des ennemis tels que ces sauvages.

Devant la population gauloise survivante horrifiée, les soldats romains exécutèrent ces ordres avec une rage et un empressement non déguisée. Pendant que les Gaulois hurlaient de douleur, Clerus Priscus se tourna vers les civils :

- À vous de décider : soit vous obéissez à vos nouveaux maîtres sans faire de résistance, et vous serez envoyé dans toute la République de Roma en tant qu'esclaves domestiques. Soit vous résistez, et vous serez envoyés dans les mines de fer d'Ariminium... Décidez-vous maintenant !

Tremblant pour leus vies, et surtout pour celles de leurs enfants, les quelques hommes incapables de se battre et les femmes se soumirent à la volonté des vainqueurs. Beaucoup pensaient qu'ils ne s'en sortaient pas si mal, étant donné ce qui arrivait aux combattants gaulois.

- Que faisons-nous du corps de ce barbare, Consul ?
- Que veux-tu en faire, Claudius Galinus ?
- L'empaler aux frontières du territoire de Genua, avec la tête planté sur un pieu quelques mètres devant. Que tous puissent savoir ce que les Julii réservent à leurs ennemis sans honneur. Et que tous sachent que Genua est de nouveau romaine.
- Alors fais-le, Centurio Primipile.

Joarius Julius Nero se dirigea ensuite vers la population gauloise.

- Gaulois ! Avant de partir pour l'intérieur des terres de la République de Rome, vous allez rendre honneur à aux morts de Genua... Nous avons trouvé le charnier où vos guerriers ont jeté les corps des soldats de la II° Légion Italica, ainsi que ceux des habitants romains qui n'avaient pu fuir la ville avant sa prise par vos troupes.

Un silence total se fit alors parmi les barbares...

- Les corps de nos concitoyens ont été balancés telles des carcasses d'animaux... Peut-être espériez-vous que nous ne le saurions jamais, mais hier soir, nos éclaireurs ont trouvé le charnier par hasard. Cela est peut-être la volonté des dieux de vous prouver leur ire.
Aussi, pour commencer votre pénitence, vous allez offrir des sépultures convenables à nos morts. Si vous montrez du respect à ces morts, alors peut-être vos gardiens sauront-ils ne pas se montrer trop durs avec des prisonniers de guerre tels que vous.

Le Consul se détourna ensuite pour aller rejoindre la castra civitae afin d'organiser la reconstruction de la ville.
La vengeance de l'enfant de Genua ne faisait que commencer...





[HRP]

Désolé pour le retard du RP, mais avec toutes ces absences... Mais Nefer a réouvert la voie !

Sinon, je me suis permis de rpiser la réaction du chef de la garnison gauloise. Mais vu ce que Polo_lux avait écrit le jeudi 28 Janvier, j'ai calqué la réaction du chef de garnison sur celle de Tugoresix. Et comme je ne sais plus quand ce dernier est mort, et bien il n'est pas impossible que sa mort ne soit pas encore parvenue jusqu'à Genua en décembre 176 BC.

[/HRP]

HRp j'ai réeouvert la voie??? bon dieu j'essaie de suivre la tienne!!! tu remarqueras que mes rp sont totalement dénués de dialogues alors que les tiens!!!!
j'ai du chemin encore! vous laissez pas aller les gars! la campagne traine en longueur certes mais c'est le moment de pondre de joli RP bien travaillé!! Come on! Hrp

Au nord de la Sardaigne.
Les troupes du LEG V - VEX III débarquaient en bon ordre des galères de la flotte Classis II Italica.
Après cette traversée où tous avaient été anxieux d'apercevoir des voiles carthaginoises, chaque homme posait les pieds sur cette terre romaine avec soulagement.



- Ave Consul. Quels sont les ordres ?
- Envoyez des éclaireurs vers Turis Lisibonis et ses environs. Qu'ils repèrent exactement ce qui s'y passent. Il nous faut savoir comment sont dsposées les forces en présence : Carthaginois et X° Légion Ferrata. Après, nous aviserons.
- À vos ordres Consul.
- Titus Paetus !
- Consul ?
- Encore une chose : qu'un cavalier digne de confiance de ton Turme se prépare à porter un message aux Carthaginois une fois les reconnaissances effectuées.
- À vos ordres Consul.
- Vous voulez envoyer un message aux Carthaginois, Consul ?
- Oui Claudius Galinus. Je veux qu'ils sachent que nous venons pour défendre le territoire de la République de Rome, mais que personnellement, je n'ai rien contre les Carthaginois. La guerre ne doit pas empêcher l'Honneur. Et peut-être pourrons-nous empêcher les combats.
- Vous croyez ? Vraiment ?
Joarius Julus Nero sourit de façon désabusée au Centurio Primipile de la I° Cohorte.
- Je ne me fais aucune illusion, Centurio. Mais ça ne coûte rien de tenter de négocier. La vie de nos hommes est aussi importante que l'Honneur de la Maison Julii et celui de Rome.



Le Centurio Primipile regarda les troupes débarquer et se ranger en bon ordre. Certains de ces hommes étaient des vétérans de la bataille de Panaro. D'autres étaient des jeunes recrues. Mais tous étaient commes des enfants pour lui : chacun étaient passés sous ses ordres pour parfaire lur entraînement à la suite de leurs classes, et il comprenait parfaitement le Consul.

- Que les dieux nous entendent... pensa-t-il.

L'Optio Equites Caïus Cornelius attendait avec stoïcisme la réponse du général carthaginois qu'il venait de délivrer aux soldats des avants-postes de l'armée de Carthage occupant désormais la ville de Turis Lisibonis. Si la volonté des dieux était qu'il meurt ici et maintenant, que pouvait-il y faire ?

Pendant ce temps, on remit le message du Consul Joarius Julius Nero au général de Carthage ; il disait ceci :


- Avé général carthaginois.

Je ne connais point ton nom, aussi voudras-tu excuser ce manque de courtoisie en ne te nommant pas. Néanmoins il me serait agréable de connaître le nom du général conduisant l'une des armées de Carthage.
Toutefois ceci n'est pas le but premier de cette missive.

Je t'écris car mes éclaireurs m'ont rapporté la nouvelle : ton armée vient de prendre la ville de Turis Lisibonis et en a anéanti la garnison romaine.
Bien que des liens d'amitié avaient été noués avec certains membres influents de la République de Carthage, je ne peux rester sans réagir face à ce que la Maison Julii considère comme un acte de guerre vis-à-vis de toute la République de Rome.
Certes, nous savons tous les deux que le Premier Consul de la République de Rome Scipion l'Ancien mène une campagne en Sicile, et que c'est cela qui a déclenché votre ire. Je comprends parfaitement votre réaction.
Mais, bien qu'ayant déclaré au Premier Consul Scipion l'Ancien que la Maison Julii ne prendra pas part à la campagne sicilienne, la Maison Julii ne peut accepter que des terres romaines tombent entre des mains étrangères, fussent-elles carthaginoises, contre la volonté de la République Romaine.

Aussi, pour épargner le sang des soldats de nos armée respectives, je t'enjoins, général carthaginois, de retirer tes troupes de la cité de Turis Lisibonis.
Pour ce faire, je te donne 2 mois à compter de ce jour pour rembarquer tes hommes sur une flotte carthaginoise et quitter les eaux territoriales romaines autour de la Sardaigne. Sois assuré de ma parole : si tu acceptes, aucune action belliqueuse ne sera lancée contre tes troupes.
Ce délai passé, si tu te tiens toujours à la tête de tes troupes en cette ville, je me verrais contraint de l'assiéger avec le vexilatio que je mène actuellement. Les dieux décideront alors du sort des armes.

Reçois, général carthaginois, l'assurance de mon respect de soldat.

Force et Honneur.

Le Suffète Nobilius ne fut pas surpris quand son ordonnance lui apporta la missive. Il fit signe à ses capitaines de cesser la conversation en cours, s'empara du message et le lut avec amertume.

"Mais comment peuvent-ils se montrer autant malhonnêtes ?" finit-il par déplorer à demie-voix.

Puis il continua, plus distinctement, en s'adressant directement à l'assemblée :
_Messieurs, le consul Joarius Julius Nero en personne dirige les opérations et nous prit d'accepter une retraite avec les honneurs. Nous pourrions quitter cette île avec l'ensemble de nos forces, sans que davantage de sang coule.
Vous n'ignorez rien de la situation. La flotte romaine est toujours intacte, préférant se cacher et frapper par surprise plutôt que d'affronter face à face l'escadre invaincue. Quant à ces Julii, ils devraient comprendre que leur flotte n'a pu venir en Sardaigne que parce que nous l'avons bien toléré. Ils confondent notre clémence et notre justice passée avec de la faiblesse. Cela ne sera pas oublié.
Ainsi, nous voilà isolé sur cette île maudite, avec d'innombrables légions ennemies autour de nous. Réembarquer serait la solution la plus sûre.
Un murmure approbateur parcouru l'assistance.
_Mais cela serait aussi la plus lâche.
L'optimisme ambiant retomba singulièrement.
_Prétendre défendre Rome en nous empêchant de nous défendre est mentir. Nous ne menaçons ni Rome, ni l'Italie, ni même ces maudites îles tyrrhéniennes. Nous ne sommes ici que par la faute des Scipii. Penser qu'une guerre ne se limiterait qu'à un seul territoire est mal penser lorsque cette guerre est entre Rome et Carthage. Nous n'allons pas tolérer que l'ennemi nous frappe où il le désire -c'est exactement ce qu'il a fait en Sicile- et ne pas faire de même.
Vous voulez tous ici la fin de la guerre. Mais ne voyez-vous pas que pour la finir il faut obliger nos ennemis à renoncer à leur projet sicilien ? Croyez-vous seulement qu'ils y renonceront s'ils ont encore toutes leurs casernes, toute leur flotte, et des légions toujours plus fortes et nombreuses en réserve ? Il nous faut occuper leurs terres, le Consul Joarius Nero le sait tout à fait, c'est pourquoi je déplore ses paroles. S'il considère cette guerre mauvaise, tout comme nous, il est plutôt bien placé pour y mettre un terme. Nous ne demanderions pas mieux.

Non, il n'y aura pas de retraite, car nos amis, pris au piège dans le sud de l'île, n'auront pas notre chance et seront véritablement abandonnés à leur sort si nous évacuons. Certes, ils vont quoiqu'il arrive combattre jusqu'à la fin, mais nous n'avons justement pas à ternir leur héroïque sacrifice par le refus de les imiter. Notre cité cultive une véritable tradition de sacrifices de Suffètes et je ne compte pas être le premier à déroger à la règle.

Désolé pour ceux d'entre vous qui pensaient rentrer vivant de ce conflit. Vous y perdrez un membre, si vous êtes chanceux. Nous ne pouvons vaincre aujourd'hui, sachons du moins mourir, comme en leur temps le firent les Julii.

_ Et... euh.... que doit-on répondre au Consul ?

_ J'e m'en occupe.

Le Suffète rédigea un bref message et confia le papyrus à l'estaffette de service.

_Porte ceci aux éclaireurs romains.

En sortant de la salle, le soldat jeta un rapide coup d'oeil au plis ; il y lut juste :

Reçois, général romain, l'assurance de mon respect de soldat.
Force et Honneur.