La forêt Germanique

Les sombres forêts germaniques attisent la peur de ceux qui ne sont pas germains. Le rude froid en tue plus d'un qui ne serait pas préparé. Le peuple germanique est à l'image de son territoire : plein de vie, rugueux, terrifiant.
Les Germains n'ont peur de rien. Ils aiment même ce qui fait peur aux autres. Rares sont les peuples ayant réussi à sortir indemne d'une guerre contre eux.

Irmin fut sans doute l'un des plus grands. Ayant gagné respect et prestige au fil des combats qu'il a mené, tuant les plus puissants chefs de tribus, ralliant à lui des peuples entiers, il a réussi là où personne n'était allé auparavant. Signant des alliances avec les Gaulois qui avaient été jusqu'à alors des ennemis, et avec les Britons, dans une alliance improbable, il sut grandir davantage son peuple.

***

Erwin frotta son bras sur son front pour éloigner la sueur. Du haut de son cheval noir, il regardait autour de lui ses gardes du corps s'entraîner. La plupart étaient sur leur cheval également, afin de se préparer à se battre avec leur lance, au moment où les hostilités commenceront. D'autres utilisaient une longue épée, voire une hache, au cas où un ennemi réussirait à désarçonner. Il fallait savoir se battre les pieds sur le sol, même si l'on était noble.
Il était fier de commander une unité aussi brave, fière et puissante. Pendant qu'ils s'entraînaient, leurs armes respectives étaient aiguisées, et leurs armures renforcées, afin que chacun puisse être le plus efficace possible le jour de la bataille. Enfin des batailles. Erwin escomptait sur le fait que les Gaulois allaient envoyer de nombreux guerriers à la guerre.
Il se tourna vers son adversaire du moment, lui aussi sur son cheval. Son fidèle compagnon Franz, son bras droit, haletait comme un chien en rut.

- Alors Franz, tu faiblis ? lança-t-il, provocateur. Tu ne tiens plus aussi bien qu'avant. Tu commence à vieillir à vingt-deux ans seulement ?
- C'est toi qui deviens chaque jour plus fort, Erwin, répondit Franz en un seul souffle.
- C'est possible. En tout cas je ne vais pas pouvoir m'améliorer davantage avec un faiblard comme toi.
Franz éclata de rire.
- Tu trouveras bien un Gaulois plus fort que toi un de ces jours, je ne m'inquiète pas.
- Ça ne me fait pas peur, répondit Erwin en haussant les épaules. De toute façon, les Gaulois ont tellement peur de mourir en général, et si peu de sens tactique, qu'il sera facile de les écraser. J'ai confiance en mon génie tactique.
Franz approuva.
- Tu es bien vu par le Conseil des Nobles. Les Rumeurs prétendent même que tu es favori pour succéder au fils d'Irmin. Je pense qu'ils attendent d'éventuels exploits qui pourraient confirmer une certaine légitimité.

Erwin approuva. Pour l'instant, il n'était que général. Mais bientôt...
Il regarda autour de lui. Oui, les hommes s'entraînaient, mais ils étaient déjà prêts. Bientôt...

***

Volker tâta la lame de son épée nouvellement forgée. Celle-ci était solide et maniable, de la bonne métallurgie germanique. Des runes étaient gravées, garantissant que les flèches se détourneraient de son possesseur. Il la fit fendre l'air dans un son merveilleux à ses oreilles. Puis il se tourna et tenta de couper un rondin en bois en deux, avec succès.

- J'aime beaucoup, dit-il à Ulrich, le forgeron. Elle est très bien équilibrée et très affutée. Aucun crâne gaulois ne risque d'avoir de chance face à cette arme.
- Cette arme seulement ? répondit le forgeron. J'en ai forgé une bonne centaine de semblables, pareil pour mon ami. Et l'on raconte que dans d'autres oppidums, des fonderies énormes ont une cadence si élevée que l'on fabrique même des lances pour les simples fantassins.
- Intéressant, répondit Volker. Et je suppose que ces armes et armures optimisées seront portées par les guerriers sous le commandement d'Erwin.
- Ne te formalise pas. Tu sais bien qu'il est favori du conseil des Nobles.
- Tu parles ! Tu es juste derrière. Son père était renommé pendant l'époque de l'unification des tribus. Sa Famille en a acquis beaucoup de richesse et de prestige. Le voilà le favoritisme.
- C'est possible. Mais l'on raconte que Erwin a montré un véritable génie tactique. Et après la perte des territoires à l'est et au sud, je pense que le conseil veut recouvrer un peu d'orgueil. Ils t'ont tout de même envoyé beaucoup de cavalerie lourde, afin d'être sûr que tu ais ta part de conquête également.

Volker inspira à fond. Il se confia à son ami d'enfance, il révéla l'idée qui germait dans sa tête depuis quelques temps. Depuis que la guerre avait été déclarée aux Gaulois.

- Ulrich... Ceci n'est pas qu'une guerre contre les Gaulois. C'est une guerre entre deux Familles germaniques. C'est une compétition entre deux hommes qui souhaitent le pouvoir du Roi. Et le Conseil choisira entre les deux. Voilà la vérité.

Ulrich le regarda sans mot dire, puis tourna son regard sur son enclume. Il haussa les épaules puis reprit son travail de forgeron.

- Alors soit le meilleur, mon ami.

***

Confédération des Gaules a écrit:

Un diplomate Gaulois vint modestement se présenter devant l'armée d'Erwin Le Jeune, qui disait-on était le plus à même de succéder à Irmin II a la tête des tribus germanique.

- Mon peuple m'envoie vous demander humblement la paix, nous cédons à toutes vos revendications :
- Les clés d'Alésia vous serons remises.
- Les Gaulois ne contesteront plus la légitimité des germains sur les villes d'Augustobona et de Durocortora.

En espérant que vous serez indulgent, Tugoresix est mort, et la Gaule ne veut plus se battre contre ses anciens frères...

***

Erwin écouta le Diplomate. Cela faisait une semaine que les combats avaient eu lieu dans l'oppidum de Durocortora, et les marques de blessures (de minces égratignures) n'avaient pas encore disparu de son visage. Les pertes avaient été faibles et il se sentait de bonne humeur. Malgré tout, il se méfiait des paroles du Diplomate. Son intention n'était pas d'offenser sa hiérarchie.

- Je ne sais pas... commença-t-il. Ce n'est pas à moi de décider du sort de la guerre, mais au Conseil des Nobles. Je n'ai aucune légitimité pour déclarer la fin des combats. Je n'ai pas non plus à désobéir au Conseil qui m'a ordonné la prise des villes gauloises. Techniquement, nous devrons nous diriger à présent vers Lutecia.

Il y eut un silence. Franz, le second, mumura quelque chose à son oreille. Erwin fronça des sourcils. Il répondit à voix basse d'un ton sec, mais Franz se fit insistant et répliqua, toujours à voix basse. Il y eut un nouveau silence, puis :

- J'espère que le Conseil ne s'offusquera pas, dit alors Erwin. Je vais lui envoyer un messager, il me rapportera la réponse.

***

Une semaine s'écoula avant que le messager, envoyé par Erwin, revint avec la réponse du Conseil. Erwin fit appeler le Diplomate gaulois, afin de lui citer à voix haute ce que lui avait répété le messager.

- D'après décision du Conseil, les Germains acceptent la paix avec les Gaulois, sous les conditions suivantes : les clefs de Lutecia, et non d'Alesia ; la non-contestation des Gaulois sur les terres germaniques prises au cours de cette guerre ; la restitution des terres volées aux Daces, à savoir Geneva, Argentoratum et Iuvavum. Les Germains souhaitent que ces trois villes reviennent de droit aux Daces.

Ayant lu les conditions, Erwin regarda bien le Diplomate dans les yeux.

- Je trouve dommage que nous n'ayons pas vaincu lors d'une grande bataille. Cela aurait scellé la paix en notre faveur. Mais il faut avouer que vous vous êtes bien battu. Et la décision du Conseil vaut toutes les lois, sauf celles des Dieux. Les conditions de paix sont respectables, vous conviennent-elles ?

***

Confédération des Gaules a écrit:

Le diplomate Gaulois ne put cacher sa joie, les conditions du germains était plus qu'acceptable.

- Merci Grand seigneur, remerciez aussi le conseil de sa sage décision...Le conseil celte sera ravit d'apprendre que vous avez acceptez.

Et sur un ton beaucoup plus triste il àjouta

- Quand à la grande bataille, elle a eu lieu au nord d'Alésia, ce fut pour nous la plus cruelle de nos défaite... la mort de Tugoresix.

Voyant que le germain n'avait pas apprécié ce dernier commentaire, le diplomate se dépêcha d'ajouter :

- Vous avez les salutations distingués du conseil celte ainsi que du conseil tribal, et bien sûr les miennes, son humble serviteur...

Le diplomate partis, il avait été impressionné par le jeune chef, il s'attendait à croiser quelqu'un de beaucoup plus cruel et tyrannique, un peu comme l'ancien chef.
Peut-être s'était-ils trompers, peut-être que la politique de Tugoresix avait été la source du problème...

***

- Comment !?
Volker fulminait de rage. D'après son informateur, les Gaulois avaient envoyé un diplomate négocier la paix avec Erwin, réputé favori du Conseil. Pourquoi, bon sang ?
Mais les nouvelles étaient encore bien pire. Le Conseil avait voté la paix avec la confédération des Gaules, ce qui signifiait l'arrêt des hostilités.
- Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? Se tourner les pouces ?
Ulrich posa la main sur son épaule.
- Je regrette, mais les choses semblent finies pour l'instant. Les cités convoitées ont été récupérées, et Erwin a eu le beau rôle sur ce coup-là. Le capitaine Frank et son armée au sud a réussi l'exploit de tuer le Roi sur le champ de bataille. Voilà qui a refroidi nos ennemis et qui a décidé de la paix également.
Volker ne décolérait pas. Mais les choses étaient terminées et il fallait passer à autre chose.
- Je vais entraîner mes hommes. Je ne veux pas que la paix les ramollissent. Qu'ils suent sang et eau ! Qu'on leur forge les meilleurs armures du monde ! Je veux que l'on soit en alerte constante, si une nouvelle guerre éclate, que mes hommes soient en première ligne ! Qu'ils effacent jusqu'à l'existence même d'Erwin !

Comme tous les matins, le camp d'Augustobona se réveilla au son de la corne. Volker, le premier sur pied pour montrer l'exemple à ses hommes, se prépara à sortir de sa tente, dans l'air frais de la matinée (quoique pas aussi frais qu'au plus profond de la forêt germanique), lorsqu'il fut surpris par l'arrivée d'un garde qui cherchait à lui parler.
- Qu'y a-t-il ? demanda Volker.
- Un messager du Conseil vient d'arriver, puissant Seigneur. Il demande à vous parler.
- Faites-le entrer dans ce cas.
L'envoyé du Conseil entra d'une démarche lourde dans la tente. Sa hache scintillait dans la lueur de la torche.
- Seigneur, dit-il en pliant un genou et en baissant la tête, en guise de salut.
- Le Conseil a un message pour moi ? Va-t-on enfin se battre contre ces peureux de Gaulois ?
- Non mon Seigneur. Le Conseil tient à maintenir la paix avec les Galates en Gaule. Mais ordre est donné de sélectionner vos meilleurs hommes, les plus entraînés, aguerris et les plus équipés. Des navires ont été affrétés au port de Lutecia, une partie de l'armée germanique va faire mouvement en prenant la mer.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Volker, surpris. Nous partons en expédition en terre lointaine ?
- Le Conseil tient à ce que vous soyez informés uniquement une fois que vous et vos hommes serez à bord des drakkars.
- Et Erwin ?
- Erwin sera du voyage également, lui et une partie de ses hommes. Le même ordre lui est donné par un autre messager du Conseil.
Voilà qui va être intéressant, pensa Volker. La compétition pour la royauté allait pouvoir continuer. Une nouvelle guerre se préparait...

Le vent semblait favorable aux Germains. Il soufflait fort et gonflait les voiles tous les jours. L'atlantique était un bel océan et très agréable à naviguer. La flotte, composée de plus d'un millier de drakkars, avançait très vite et atteindrait bientôt les côtes ibères.

Les Ibères ! Les anciens alliés du roi défunt Irmin, habitants d'une péninsule lointaine que seuls les marchands germains et les diplomates gaulois ont su décrire au conseil des Nobles. Ils étaient faibles et fourbes. Ils n'avaient aucun honneur, ne se battaient qu'en étant sûr de remporter la victoire, en ne déclarant pas la guerre et feignant d'être en paix pour mieux sauter sur la première occasion.

Voilà donc qu'ils étaient une cible idéale pour une expédition de pillage en règle. Les fiers guerriers de Germanie se retrouvaient sans guerre sur les bras, et risquaient l'amollissement, il fallait donc bien s'enrichir quelque part.
Le Conseil des Nobles avait tout prévu : la construction de puissants et nouveaux bateaux de guerre, les drakkars ; la formation de nouvelles unités, même moins équipées et moins expérimentées, pour défendre le territoire ; la contribution d'alliés locaux qui pourraient aider l'expédition à piller plus tranquillement, sans d'énormes armées ennemis à détruire. Le but n'était pas tant de devoir se battre que de prendre quelques territoires, même s'il fallait l'imposer sans combats.

Cela fesait plusieurs mois que les Germains, en bons navigateurs, avaient voyagé sans problème. Aucun navire ennemi en vue ! Les Ibères étaient donc de piètres marins... Cela allait leur coûter cher. Erwin et Volker, bien que sur deux navires différents, commandant deux armées différentes, et adversaires politiques, sourirent en même temps pour les mêmes raisons. Il y allait avoir combat, et cela emplissait leur cœur de joie.

***

Les premiers drakkars raclèrent le sable dans un grand bruit. Avant l'arrêt du navire, déjà plusieurs dizaines de guerriers sautèrent et mirent le pied à l'eau. Le vent continuait de souffler, mais cela restait une brise agréable et chaleureuse, comparé au blizzard mordant des terres du nord. Il faisait chaud pour la saison, trop chaud, c'était là un pays qui pouvait ramollir plus d'un guerrier. Ce n'était pas bon.
Erwin sortit le premier de l'eau. Comme tout chef qui se respecte, il fallait qu'il soit le premier en avant. Il jeta un rapide coup d'œil autour de lui, mais il n'y avait pas un animal, pas un indigène.
- D'après les indications de nos alliés, il y a une ville non loin d'ici. Éclaireurs ! Je veux un rapport complet sur les environs, le plus rapidement possible. Les autres, formez les rangs ! Nous ne sommes pas à l'abri d'une attaque surprise. Je vous veux disponible et prêt au combat dans un instant, les retardataires seront punis !
Il y eut quelques fracas métalliques dus à la précipitation.
- Et en silence ! Vous voulez attirer l'attention ?
Erwin songea que Volker devait accoster également à quelques lieues de là. Une grande partie de la flotte l'avait accompagné au cas où, mais elle s'était de nouveau réunie dernièrement, attendant qu'un port ne se libère, grâce à une ville conquise dans ces territoires.
Il fallait faire vite ! Être le premier à conquérir et se couvrir de gloire, remporter des batailles rapidement...

Les heures passèrent et l'armée germanique avait déjà commencé à avancer. Ils avaient pillé quelques maisons isolées et passées quelques habitants freluquets au fil de la hache, mais personne n'était réellement dangereux. Ces gens-là ne semblaient pas connaître la guerre, ni un climat rugueux et difficile.
Soudain, quelqu'un sortit de fourrés devant eux pendant la marche, et Erwin reconnut immédiatement Franz, l'un des éclaireurs qu'il avait envoyé.
- Ton rapport, demanda Erwin.
- Chef, il y a effectivement une cité à l'est, non loin d'ici, apparemment gardée par une petite garnison, ils ont une pauvre palissade en bois qu'il nous sera facile d'abattre avec les onagres. En revanche... Une arme ibère très importante, environ 20 détachements, s'apprête à rejoindre la ville. Ils y seront sûrement avant nous.
- Tu as pu noter la composition de l'armée ?
- Certainement chef.
Franz expliqua à Erwin ce qu'il avait vu. Aussitôt, le général partit d'un rire grave et sonore. Il se retourna et, s'adressant à l'ensemble de ses soldats, cria :
- Une petite victoire facile nous attend, messieurs ! Nous allons dans quelques jours étriper de l'Ibère et prendre leurs femmes et leurs bijoux ! Soyons pressés !
Une grande clameur s'éleva parmi le foule de guerrier. Voilà qui allait les motiver !

[HRP : Très sympa ! J'admire les RP que vous arrivez à faire avec les "barbares", pour ma part j'aurais beaucoup de mal à me mettre dans la peau des personnages ]

[flood] Oui, j'aime beaucoup aussi ! Y a pas à dire, faudrait que les meilleurs RPistes du forum entrent en guerre les uns contre les autres, qu'on fasse un sujet commun où chacun écrirait un chapitre de la guerre contre les autres... ça nous ferait uen belle histoire complète ! [/flood]

{HRP : Merci pour vos encouragements, ça fait très plaisir
J'ai aussi pensé à ce que donnerait une guerre contre un autre RPiste, ça pourrait faire un peu comme plusieurs chapitres écrits à deux mains. Ça serait vachement sympa ]

Joli rp
Par contre, une expédition, qui par définition n'a pas de soutien, a peu de chances de réussir en territoire ennemi. Elle fini la plupart du temps par se faire submerger. Ce que je veux dire, c'est que tu risques de sacrifier tes 2 héros rp, ça serait dommage, une rivalité entre 2 généraux c'est original.

Ha mais non ! Je précise que mon expédition, je l'ai préparée avec soin. Pourquoi crois-tu que Carthage a déclaré la guerre à l'Ibérie ? Pour un théorique commerce florissant avec les Gaulois ? (entre parenthèse, je me suis bien gaussé Colaincourt )
D'ailleurs, Le Gaulois est supposé rejoindre également la bataille mais... Absent.

ça fait plusieurs tours que j'avais compris, hein, j'ai quelques discutions msn avec Caulaincourt et il était assez vindicatif contre l'ibérie depuis un moment. Faire le lien avec ton expédition était pas bien compliqué, surtout que ça cadre tout à fait avec sa diplomatie
C'est pour cette même raison que la justification du "le méchant ibère qui attaque lâchement le gaulois" sonne assez creux vu que ton message de préparation d'une expédition est antérieure à la deuxième attaque de Nekta. Enfin bon, c'est du rp, c'est normal

Mais ça n'empêche pas que t'es un peu coincé dans un coin et que Nekta a quand même pas mal d'armées...

On verra mais je pense gérer

L'une des armées de l'expédition de Germanie a réussi à s'emparer d'une cité de l'Ibérie au terme d'un combat expéditif qui n'a duré que quelques minutes.
Après avoir festoyé et pillé richesses et femmes, les guerriers de Volker sont de nouveau sur le pied de guerre puisqu'une armée de vingt contingents ibères tente de reprendre la cité.

Volker s'entretint avec ses différents capitaines dans la bâtisse en bois de l'ancien chef de la ville. Dans un certain sens, les Ibères ressemblaient beaucoup aux Gaulois.
Après avoir exposé la situation et le compte-rendu des éclaireurs, Volker fit le point.
- Messieurs, cette bataille va nous couvrir de gloire. Je veux que tout soit rapide, net et sans bavure. Cette armée doit être détruite en un rien de temps. Motivez bien les hommes, je ne veux pas qu'ils commencent à fuir à cet instant décisif !
Si tout se passe bien et que nous remportons cette victoire, nous marcherons dans une semaine vers une autre ville. Nos alliés carthaginois devraient également nous aider dans cette tâche, nous n'aurons pas ainsi à devoir affronter toutes les armées du pays !
- Si toutes les armées ibères ressemblent à celle que l'on nous a envoyée, on pourra quand même les battre toutes sans problème !
Tout le monde partit d'un rire sonore, un rire qui dura longtemps.
- Cette expédition s'annonce tout ce qu'il y a de plus facile, conclut Volker.

Erwin poussa un cri de rage à la vue de la cité et de ses remparts. Aussitôt, il appela l'éclaireur Franz qui l'avait informé sur la ville.
- Franz, dit-il en contenant sa colère. C'est ça que tu appelles une palissade en bois ? C'est un mur, crétin ! Que le marteau de Thor s'abatte sur toi et sur cette ville, il nous faudra plus que nos quelques onagres pour en venir à bout. Il va falloir reconstruire des engins de siège alors même que nous avons laissé les autres à quelques kilomètres. Et nous sommes à découvert, en plus ! Les armées ennemies peuvent venir nombreuses pour engager le combat.
Il poussa le soldat d'un coup d'épaule furieux et partit en direction de l'un de ses capitaines, son bras droit Friedrich.
- Tu te rends comptes ? Volker a déjà pris une ville, et moi je piétine ici, au pied des murs, à cause d'un incapable. Bon, on a intérêt à pas se faire massacrer dans les parages, il faut bouger. Je préfère rencontrer les armées unes par unes et les prendre par surprise, plutôt que d'attendre ici bêtement qu'elles viennent toutes à moi. Donne l'ordre de mouvement, nous allons avancer.

La prise d'Asturica.

-Tirez les boulets !
L'ordre d'Erwin fut incisif et claqua dans l'air pour bien se faire entendre malgré le déplacement de l'infanterie, qui s'approchait des murs de pierre.
Les onagres se mirent en position et les servants commencèrent à placer les premiers boulets.
Le son que faisaient ces rochers lancés à vive allure en pleine air était terrifiant. Erwin était heureux de pouvoir compter ces machines de guerre parmi son armée, le siège des cités n'en était que plus rapide et plus simple, susceptible de surprendre l'ennemi et le prendre de vitesse.
Cependant, les onagres pouvaient se révéler insuffisant contre un épais mur de pierre. Lorsqu'il n'y eut plus de munitions, seule la grande porte fut défoncée. Une seule ouverture ! Contre une armée de vingt contingents, qui attendent de pied ferme que les guerriers s'avancent pour les massacrer de toutes parts...

Que faire ?

Il n'y avait pas le choix. Les archers germains ne pouvaient pas leur tirer dessus depuis l'extérieur, il fallait donc faire entrer les phalanges...
- Chargez !
Le premier contingent de guerrier courut vers les portes en hurlant les cris de guerre, aussitôt suivi par plusieurs milliers de guerriers qui n'avaient qu'une envie, celle d'en découdre. Le choc fut rude et à peine les guerriers firent quelques pas que des troupes ennemis surgirent et les encerclèrent. Les Germains ne pouvaient tous combattre et la plupart, restés encore devant la porte, durent pousser leurs frères pour aller vers les combats.
La bataille fut de longue haleine, et il y eut beaucoup de morts. Mais la supériorité des Germains fut incontestable au cors à corps, grâce notamment aux phalanges. Aussitôt que le premier contingent de milice ibère fuit, Erwin ordonna à la cavalerie, encore à l'extérieur des murs, de charger à travers les guerriers. Combattre la cavalerie lourde faisait peur à la piétaille, autant aider la fuite !
Plusieurs cavaliers, inexpérimentés, furent désarçonnés par les phalanges de leur propre armée. Ils durent stupidement tenter de se relever, mais pour la bataille il était trop tard, ils n'auraient pas droit à leur part. Quant aux autres, ils entrechoquèrent leur armée et leur bouclier afin de faire le plus de bruit possible. Aussitôt que les premiers nobles furent en contact avec les milices ennemis, toute l'armée hurla quelque chose en Ibère... Puis se fut la débandade. C'était parti pour le gai carnage ! Aussitôt, les phalanges furent désolidarisées et toute l'armée germanique fut à la poursuite de l'ennemi qui fuyait !
Seul le général fit preuve de grand courage et, alors que toute son armée partait vers la place de la ville, il fut le seul à charger. Les combats dura au moins une longue minute, et le général ennemi mourut l'épée à la main. Erwin lui accorderait de dignes funérailles.

La cité d'Asturica était germanique !

***

Erwin nettoyait la lame de son épée et la pointe de sa lance. Il buvait un peu d'hydromel également, car les combats avaient été rudes et il avait beaucoup crié pour encourager ses hommes. Il ne voulait pas avoir une voix aigüe de castra pour la prochaine bataille !
Il dormirait ce soir dans la maison la plus luxueuse, et le reste de l'armée dans les maisons vides de leurs propriétaires morts. Femmes et enfants étaient priés de trouver d'autres abris. Mais pour l'instant, il fallait faire place à la fête ! Nul manquement de tradition ne saurait être toléré par Erwin, car il fallait se souvenir du plus important : ils étaient germains, en terres ibères. Même si les femmes étaient ici agréables, elles étaient d'une autre nation.

Alors que la fête battait son plein, et qu'Erwin, se voulant proche de ses hommes, dansait au milieu d'eux, un garde arriva de la porte défoncée de la cité et demanda à lui parler.
- Qu'as-tu à me dire ? demanda-t-il en effaçant le sourire de son visage et se montrant sérieux, afin de signifier qu'il portait toute son attention sur le messager.
- Seigneur, quelqu'un est arrivé, un germain ayant fait un long voyage parmi les terres gauloises. Il souhaitait vous parler seul à seul, mais nous l'avons pour l'instant laissé devant la porte de la cité.
- J'arrive.

Les ouvriers germains avaient déjà fait la moitié du travail. Ils fabriquaient une nouvelle porte, aussi solide que possible, en coupant les arbres à proximité, et le rendu était respectable.
- Alors Franz, tu nous ajouteras ici aussi ta petite touche personnelle ? demanda Erwin.
- Bien sûr chef ! 'Faut toujours respecter les traditions, c'est sacré !
Puis, se tournant vers l'étranger, il scruta celui-ci de son œil vif et acéré. Effectivement, c'était un germain. Ses vêtements n'en disaient rien mais l'attitude, en revanche, son maintien, sa position, tout faisait de lui un fils des forêts du Nord.
- Je t'écoute, qu'as-tu à me dire ?
Le messager se courba avec déférence.
- Je te reconnais, toi, Erwin de Samarobriva, fils de Björn de Bordesholm. Le Conseil m'envoie car l'expédition est une réussite. Et il souhaite te récompenser. Il faudrait partir demain matin, grand noble. Un long voyage nous attend.
- Un long voyage ? Mon armée doit faire mouvement quelque part en particulier ?
- Le Conseil souhaite que les combats continuent tant qu'aucune paix n'a été signée. Mais en ce qui te concerne, tu en as fini avec l'Ibérie. Nous retournons tous deux, ainsi que quelques gardes du corps, en Germanie... où tu seras sacré nouveau Roi des Germains !