Les deux jeunes enfants étaient tapis dans les bosquets depuis des heures. Nul son ne semblait plus provenir de la cité en ruine et pourtant aucun d'eux n'osait sortir de la protection des fourrés pour s'aventurer à découvert. Le temps semblait comme suspendu et même les habituels bruits de la forêt paraissaient étouffés aux oreilles des petits gaulois.
Au bout d'un certain temps, Amenelix se tourna vers sa grande soeur et chuchota :
- Tu crois qu'ils sont partis ?
- J'en sais rien !
- On dirait que le feu s'est éteint... ils sont sans doute parti non ?
- J'en sais rien je te dit !
- Tu crois pas qu'on devrait aller voir ?
- JE TE DIT QUE J'EN SAIS R.... !
Son cri de colère fut brutalement coupé par l'irruption d'une forme sombre qui jaillit de la foret pour s'emparer d'elle et la plaquer au sol.
- Fiona ! s'écria Amenelix !
La forme sombre se releva, maintenant la jeune fille par la taille et Amenelix put enfin reconnaitre Graellix, le forgeron du village. Hirsute et amaigri, il sembalit abasourdi de retrouver des visages connus.
- Les enfants, je vous ai fait peur, j'en suis désolé, je voulais vous faire taire pour ne pas indiquer notre position aux romains.
Greaellix se releva.
- Mais je pense qu'ils sont effectivement partis... Il n'y a plus âme qui vive à Narbo Martius.
Tandis qu'il disait celà, de nombreuses silhouettes sortirent à leur tour de l'abri des bois et, lentement, toute la population restante de Narbo Martius se regroupant autour de la cité en cendres. Puis les plus téméraires franchirent les lourdes portes en chène carbonisé et pénétrèrent dans l'enceinte de la ville.
Tout n'y était plus que ruine et desarroi, les animaux éventrés, le mobilier éparpillé et brisé, rien qui put étancher la faim et la soif des réfugiés. Un vieillard entra dans une auberge en ruine et en ressorti avec deux miches de pain sec qu'il avait pu miraculeusement sauver du désastre. Attirant la convoitise des autres, le vieil homme fut rapidement harcelé par deux ou trois autres gaulois qui voulaient lui voler son précieux trésor. Soudain, un coriace gaillard, ancien palfrenier, vitn s'interposer entre les bélligérants et, d'un coup de marteau bien asséné, fit éclater le crâne du gaulois qui détenait l'une des miches de pain.
Ce fut le signal de la curée... la violence se déchaina dans la ville et nombreux furent ceux qui perdirent la vie dans des combats sans but, sans idéal, si ce n'est le désir d'évacuer l'angoisse et la frustration que ces simples paysans avaient ressenti du fait de la perte de tous leurs biens. Amenelix et Fiona, effrayés par la haine aveugle qui s'était emparé des citoyens, s'enfuirent dans la forêt en courant sans chercher à se retourner.
De Narbo Martius il ne restait presque rien lorsque les premiers guerriers gaulois -l'armée de secours- arrivèrent enfin. Le père d'Amenelix et Fiona, cavalier dans l'armée gauloise, les chercha durant toute une semaine dans les rues de la ville, mais à ce jour, nul ne sait ce qu'il est advenu d'eux....